Envisagée depuis quelques mois, la nationalisation de Kenya Airways a été validée par le Parlement. La compagnie reviendrait dans le giron de l’État d’ici 2021, le temps de se transformer en holding et de racheter les parts des autres actionnaires comme Air France-KLM.
Le Parlement kényan a voté le 23 juillet en faveur de la nationalisation de Kenya Airways, la compagnie aérienne déficitaire détenue à 48,9 % par l’État et à 7,8 % par Air France-KLM. Privatisée il y a vingt-trois ans, elle était fortement endettée depuis 2014.
« Le ministère (des Transports) a besoin de trois mois pour réfléchir et nous faire une proposition de rachat sur l’actuelle société d’actionnaires de la compagnie et sur l’ensemble de sa structure », a déclaré David Pkosing, président de la commission des transports du Parlement, à l’agence Reuters. Il estime par ailleurs que le rachat des parts des actionnaires prendra dix-huit mois.
Les actionnaires minoritaires, qui détiennent environ 3 % des actions, seront rachetés pour environ 800 millions de shillings (6,8 millions d’euros) a indiqué le président de la commission parlementaire, et un consortium de prêteurs locaux, qui a acquis 38 % des actions de la société pendant sa restructuration en 2017, pourrait être payé par le biais de bons du Trésor d’une échéance de dix ans.
« Les banques sont susceptibles d’accepter l’accord étant donné les pertes de la compagnie aérienne », a déclaré Eric Musau, responsable de recherche à la Standard Investment Bank de Nairobi, interrogé par Reuters. Air France-KLM aura pour sa part la possibilité de vendre sa participation au gouvernement et de rester un partenaire technique de la compagnie, selon le député David Pkosing.
Le Kenya compte s’inspirer de l’Éthiopie qui gère ses actifs de transport aérien (compagnie, aéroports, opérations de ravitaillement) à travers une seule société, utilisant les fonds des activités les plus rentables pour soutenir les autres.
Selon le modèle approuvé par les parlementaires, Kenya Airways deviendra ainsi l’une des quatre filiales de cette holding aéronautique, les autres étant l’aéroport international Jomo Kenyatta (JKIA), une école d’aviation et la Kenya Airports Authority, qui exploitera tous les autres aéroports du pays.
« L’aéroport JKIA génère à lui seul un chiffre d’affaires annuel de 12 milliards de shillings, dont la moitié sont des profits, affirme David Pkosing, et l’administration aéroportuaire possède des milliers d’hectares de terrain qui viendront étayer le bilan du nouveau groupe ». La nationalisation exemptera Kenya Airways des taxes moteurs, de l’entretien et du carburant, ce qui lui permettra de vendre des billets moins chers, a ajouté le député.
« Le modèle que nous proposons n’est pas nouveau, il est utilisé par les Émirats, le Maroc, l’Égypte, l’Éthiopie. La plupart des compagnies aériennes qui réussissent fonctionnent selon le même modèle », a-t-il affirmé.
SOURCE: Jeune Afrique
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