Les travaux de l’aéroport de Boké, estimés à 1,5 million de dollars, doivent permettre le décollage – déjà plusieurs fois annoncé et reporté – de la compagnie Guinea Airlines.
Aboubacar Sylla, le ministre d’État guinéen en charge des Transports, a confié à la Société minière de Boké (SMB-Winning), qui exploite la bauxite dans le pays, la réhabilitation de l’aérodrome de Boké.
Les travaux, dont le coût est estimé à 1,5 million de dollars, portent notamment sur la réhabilitation de la piste, la construction d’un aérogare, d’un hangar et de bureaux. Ils ont démarré le 13 juillet et devraient se poursuivre jusqu’en septembre, alors que l’inauguration est prévue pour le mois d’octobre, a confié à Jeune Afrique Fadi Wazni, président du conseil d’administration du consortium SMB-Winning et directeur général de United Mining Supply (UMS), la société en charge des travaux.
Le consortium franco-sino-singapourien, dont le siège est en France, et dont l’État guinéen détient 10 % du capital, pourra, en contrepartie de ces travaux dont il assume seul le financement, utiliser ces infrastructures aéroportuaires, qui resteront toutefois dans le patrimoine public.
Cette collaboration entre l’État et le consortium sert de prélude au décollage prochain (plusieurs fois annoncé depuis son lancement raté en 2017) de Guinea Airlines. Une ornière dont il est devenu urgent de sortir, estime Aboubacar Sylla, qui rappelle qu’il faut « douze heures par avion, à cause des correspondances, et deux jours par la route », pour se déplacer de Conakry à Monrovia.
À l’origine de la création de la compagnie de droit guinéen, le Groupe business marketing (GBM) de l’homme d’affaires et président de la Fédération guinéenne de football Antonio Souaré et du Français Alain Regourd, PDG de Regourd aviation. Fin janvier 2018, Ethiopian Airlines a remplacé Regourd aviation dans le capital de Guinea Airlines, chiffré à 22 millions de dollars et dont la compagnie éthiopienne est devenue l’actionnaire majoritaire (avec 41 %), devant GBM (39 %)
La participation de l’État guinéen, dernier actionnaire, « passée de 5 à 20 %, sera libérée dans les jours à venir », assure Aboubacar Sylla, qui promet que le décollage aura bel et bien lieu « d’ici à la fin de l’année ».
« La question des aérodromes régionaux est pertinente mais ne conditionne pas la mise en service de la compagnie. Dans un premier temps, elle peut valablement desservir les capitales sous-régionales à partir de Conakry », a indiqué le ministre des Transports, interrogé par Jeune Afrique sur le mauvais état des infrastructures aéroportuaires du pays.
À terme, Guinea Airlines comptera cependant sur les liaisons intérieures non desservies pour amortir la rude concurrence des compagnies étrangères. Il s’agira de rallier Conakry aux principales villes de Guinée, et de se projeter sur les pays voisins : Nzérékoré vers le Liberia et la Côte d’Ivoire, Kankan vers le Mali, Labé vers le Sénégal…
« Nous avons un projet global de réhabilitation des aéroports », indique le ministre, selon lequel un accord du même type que celui conclu avec la SMB est dans les tuyaux avec la société de BTP Guiter SA, de l’homme d’affaires Ansoumane Kaba, pour l’aérodrome de Kankan. « Nous avons introduit dans la loi des finances rectificative 2019 le coût des investissements nécessaires pour les aérodromes de Nzérékoré et Labé. Je pense que tout commencera à voir le jour avant la fin de cette année ».
Lors de leur rencontre du 11 au 13 juillet en Guinée, les présidents libérien et guinéen, George Weah et Alpha Condé, ont également convenu de la nécessité de relancer le projet de compagnie aérienne régionale Air Mano, qui doit assurer la liaison entre les pays membres de l’Union du fleuve Mano : Guinée, Côte d’Ivoire, Sierra Leone et Liberia.
D’ores et déjà, Aboubacar Sylla vante la coopération aérienne dans la région : « Nos pays coopèrent depuis quarante-quatre ans dans le cadre d’un accord aéronautique à travers la création de la Région d’information de vol de Roberts, qui fait de la régulation et du contrôle aérien dans l’espace aérien de [trois des quatre] pays de l’Union du fleuve Mano [la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone,]. Cette agence est un exemple réussi d’intégration dont on ne parle pas assez », assure-t-il.
SOURCE: Jeune Afrique
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