Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, jeudi 11 juillet, qu’il allait accorder 448,6 millions de dollars (398 millions d’euros) sur trois ans au Congo-Brazzaville pour relancer l’économie de ce pays d’Afrique centrale plombée par la chute des prix du pétrole, en souhaitant une meilleure « transparence » de ses comptes publics.
« La décision du conseil d’administration autorise le déblocage immédiat de 44,9 millions de dollars au profit de la République du Congo », indique un communiqué du FMI publié au terme de plus de deux ans de discussions difficiles.
Les négociations avaient été ralenties par le fait que les autorités du Congo-Brazzaville avaient caché une partie de la dette publique du pays. Autre difficulté et autre singularité : la Chine détient un tiers de la dette externe, selon des spécialistes.
Très classiquement, le programme « d’extension des facilités de crédit » veut aider Brazzaville à « restaurer sa stabilité macro-économique », en préservant « le caractère soutenable de la dette », selon le communiqué du FMI. Il s’agit également, selon l’institution financière de Washington, de « jeter les fondations d’une croissance plus forte et plus inclusive ».
Une touche plus locale : le programme « cherche également à améliorer la gouvernance, pour parvenir à plus d’efficacité et de transparence dans la gestion des ressources publiques, spécialement dans le secteur pétrolier ».
En septembre 2017, une enquête d’une ONG, Public Eye, avait fait état d’affaires de corruption et de détournement de fonds présumés dans la gestion des ressources pétrolières. L’enquête pointait la responsabilité présumée de proches du président Denis Sassou-Nguesso, qui cumule trente-cinq ans au pouvoir.
En offrant son soutien à un pays dont les dirigeants sont soupçonnés de malversations à grande échelle, l’institution internationale prend des risques. « La décision du FMI d’accorder un autre plan de sauvetage à la République du Congo est un cas préoccupant d’amnésie institutionnelle et sape la nouvelle campagne du Fonds contre la corruption », a aussitôt dénoncé Natasha White de l’ONG Global Witness. « Au cours de la seule année écoulée, nous avons signalé des cas de corruption dans le secteur pétrolier du pays, davantage de dette cachée et de blanchiment d’argent allégué par des membres de la famille présidentielle », rappelle-t-elle dans un communiqué.
En pleine négociation, il avait été révélé en juillet 2017 que le Congo-Brazzaville cachait une partie de sa dette. Celle-ci s’établissait à près de 120 % du PIB (8,7 milliards de dollars) et non 77 %, selon des révélations à l’époque de Radio France internationale (RFI).
Autre singularité des négociations : la Chine détient un tiers de la dette externe du Congo-Brazzaville, soit environ 2 milliards de dollars, selon des sources consultées par l’AFP en avril.
« Pour les Etats-Unis, il est hors de question que le FMI vienne à la rescousse des pays endettés avec Pékin », avait expliqué l’une des sources consultées alors par l’AFP.
« C’est un ouf de soulagement, mais ce n’est pas une victoire. Le FMI va devenir plus regardant », a réagi à Brazzaville Léon Mayeko, économiste à l’université Marien Ngouabi. « Ce qu’il faut craindre, c’est peut-être la réduction des dépenses dans les secteurs comme la santé et l’éducation », a ajouté l’enseignant-chercheur.
Le programme du FMI fera l’objet d’une évaluation tous les six mois, précise l’institution de Bretton Woods.
SOURCE: Le Monde Afrique
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